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APOLOGIE DE MONSIEUR LE DUC DE BEAUFORT,
CONTRE LA COUR, LA NOBLESSE ET LE PEUPLE1.
(1650.)

Messieurs,

Si j’étois aussi éloquent que ceux qui ont écrit pour la cour ou pour les princes, vous auriez une belle apologie en faveur du duc de Beaufort ; mais, n’ayant fait que chasser toute ma vie et jouer à la longue paume avec lui, vous me dispenserez, s’il vous


1. Je reproduis ici ce petit pamphlet, quoiqu’il ne soit pas ordinairement compris dans les Œuvres de Saint-Évremond. Mais cet ouvrage eut une assez grande célébrité ; il est piquant, et Saint-Évremond prit à sa rédaction une part qu’il ne désavoua jamais, et qu’on peut constater facilement, tant sa manière y est souvent marquée. D’ailleurs cette satire spirituelle, composée, en quelque sorte, à table, avec le duc de Candale, Miossens, Moret et autres, complète l’idée qu’on doit garder du rôle de Saint-Évremond pendant la Fronde ; M. Girard, qui a laissé une vie du duc d’Épernon, fut, selon des Maizeaux, le secrétaire-rédacteur de cette apologie. Le duc de Beaufort étoit momentanément réconcilié avec la cour (1650), mais le parti ne l’avoit pas reçu en grâce ; l’aventure du jardin de Renard ne pouvoit être si aisément oubliée. Voy. M. de Saint-Aulaire, Hist. de la Fronde, t. 1, pag. 287, suiv. ; et Bazin, t. IV.