Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/283

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nulle circonstance qui marque l’embarras d’un mourant. C’est pour lui proprement, que mourir est cesser de vivre. Le vixit des Romains lui appartient justement.

II. Je ne suis pas de l’opinion de ceux qui croyent que Pétrone a voulu reprendre les vices de son temps, et qu’il a composé une Satire avec le même esprit qu’Horace écrivoit les siennes. Je me trompe, ou les bonnes mœurs ne lui ont pas tant d’obligation. C’est plutôt un courtisan délicat qui trouve le ridicule, qu’un censeur public qui s’attache à blâmer la corruption. Et pour dire vrai, si Pétrone avoit voulu nous laisser une morale ingénieuse, dans la description des voluptés, il auroit tâché de nous en donner quelque dégoût. Mais c’est là que paroît le vice, avec toutes les grâces de l’auteur ; c’est là qu’il fait voir avec plus de soin l’agrément et la politesse de son esprit.

Davantage, s’il avoit eu dessein de nous instruire, par voie plus fine et plus cachée que celle des préceptes, pour le moins verrions-nous quelque exemple de la justice divine ou humaine sur ces débauchés. Tant s’en faut, le seul homme de bien qu’il introduit, le pauvre Lycas, marchand de bonne foi, craignant bien les dieux, périt misérablement dans la tempête, au milieu de ces corrompus qui sont conservés. Encolpe et Giton s’attachent l’un avec