Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Errantes animas. Valete Curæ !

Mortalis ego sic perire cœpi19.

« Quelle nuit, ô bons dieux ! Quelle chaleur ! Quels baisers ! Quelle haleine ! Quel mélange d’âmes, en ces chaudes et amoureuses respirations ! »

Quoique le style de déclamateur semble ridicule à Pétrone, il ne laisse pas de montrer beaucoup d’éloquence en ses déclamations ; et pour faire voir que les plus débauchés ne sont pas incapables de méditation et de retour, la morale n’a rien de plus sérieux, ni de mieux touché, que les réflexions d’Encolpe sur l’inconstance des choses humaines, et sur l’incertitude de la mort.

Quelque sujet qui se présente, on ne peut ni penser plus délicatement, ni s’exprimer avec plus de netteté. Souvent, en ses narrations, il se laisse aller au simple naturel, et se contente des grâces de la naïveté ; quelquefois il met la dernière main à son ouvrage, et il n’y a rien de si poli. Catulle et Martial traitent les mêmes choses grossièrement ; et si quelqu’un pouvoit trouver le secret d’envelopper les ordures avec un langage pareil au sien, je réponds pour les


19. Satyric., cap. lxxix. Quelques philologues lisent : Valete curæ mortales ! Voy. ibi., Burmann, et Antonius sur Pétrone, édit. de 1781.