Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/299

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allant plus au bien, plus modéré, plus tempérant et plus vertueux.

Que les plus favorables à César contre Alexandre, n’allèguent en sa faveur ni la passion de la gloire, ni la grandeur de l’âme, ni la fermeté du courage. Ces qualités sont si pleines dans le Grec, que ce seroit en avoir trop que d’en avoir plus. Mais qu’ils fassent le Romain plus sage en ses entreprises, plus habile dans les affaires, plus étendu dans ses intérêts, plus maître de lui dans ses passions.

Un juge fort délicat du mérite des hommes s’est contenté de faire ressembler à Alexandre celui dont il vouloit donner la plus haute idée : il n’osoit pas lui attribuer de plus grandes qualités, il lui ôtoit les mauvaises : Magno illi Alexandro, sed sobrio neque iracundo simillimus2.

Peut-être que notre auteur est entré dans ces considérations, en quelque sorte ; peut-être que pour faire Porus plus grand, sans donner dans le fabuleux, il a pris le parti d’abaisser son Alexandre. Si ç’a été son dessein, il ne pouvoit pas mieux réussir ; car il en fait un prince si médiocre, que cent autres le pourroient emporter sur lui, comme Porus. Ce n’est


2. Velleius Paterculus (Hist. lib. II, cap. xli), parlant de César.