Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/369

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sentir, à de petits soupirs ennuyeux, qui pour être cent fois variés, sont toujours les mêmes.

Quelques louanges que je donne à cet excellent auteur, je ne dirai pas que ses pièces soient les seules qui méritent de l’applaudissement, sur notre théâtre. Nous avons été touchés de Mariane, de Sophonisbe, d’Alcionée, de Venceslas, de Stilicon, d’Andromaque, de Britannicus[1], et de plusieurs autres à qui je ne prétends rien ôter de leur beauté pour ne les nommer pas.

J’évite autant que je puis d’être ennuyeux ; et il me suffira de dire qu’aucune nation ne sauroit disputer à la nôtre l’avantage d’exceller aux tragédies. Pour celles des Italiens, elles ne valent pas la peine qu’on en parle ; les nommer seulement est assez, pour inspirer de l’ennui. Leur Festin de Pierre feroit mourir de langueur un homme assez patient, et je ne l’ai jamais vu, sans souhaiter que l’auteur de la pièce fût foudroyé avec son athée[2].

  1. Tristan est l’auteur de la Mariane ; Mairet, de la Sophonisbe ; du Ryer, de l’Alcionée ; Rotrou, du Venceslas ; Corneille le jeune, du Stilicon ; Racine, de l’Andromaque et du Britannicus. (Des Maizeaux.)
  2. Cette tragi-comédie du Festin de Pierre, qui ennuyoit Saint-Évremond, avoit pourtant un succès populaire, à Paris. Elle fut traduite de l’italien en françois, par de Villiers ; Amsterd. 1660, in-12. Molière s’empara de ce sujet, en 1665, et le fit jouer par sa troupe. La foule s’y porta, comme au théâtre italien. Mais on sait les