Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/370

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Il y a de vieilles tragédies angloises[1] où il faudrait, à la vérité, retrancher beaucoup de choses ; mais avec ce retranchement, on pourroit les rendre tout à fait belles. En toutes les autres de ce temps-là, vous ne voyez qu’une matière informe et mal digérée, un amas d’événements confus, sans considération des lieux ni des temps, sans aucun égard à la bienséance. Les yeux, avides de la cruauté du spectacle, y veulent voir des meurtres et des corps sanglants ; en sauver l’horreur par des récits, comme on fait en France, c’est dérober à la vue du peuple ce qui le touche le plus.

Les honnêtes gens désapprouvent une cou-

    clameurs que suscita cette représentation, où une cabale irritée vit la reproduction des attaques du Tartuffe, joué pour la première fois l’année précédente. La pièce fut défendue, et ne fut imprimée qu’après la mort de Molière, dans l’édition de ses Œuvres, de 1682 ; encore y fut-elle mutilée. La première édition complète et conforme à l’original, ne fut imprimée qu’en 1683, à Amsterdam, petit in-12. Cependant, Thomas Corneille avoit pu faire jouer, en 1677, au théâtre de la rue Guénégaud, son imitation en vers de la pièce en prose de Molière : imitation qui ne fut imprimée elle-même qu’en 1683. Un Nouveau festin de Pierre avoit été publié par Rosimond, à Paris, 1670, in-12. — Saint-Évremond n’avoit ni vu jouer, ni lu l’ouvrage de Molière, lorsqu’il écrivoit, en 1677, à Londres, les lignes qu’on vient de lire. Il ne connoissoit pas davantage l’ouvrage de Thomas Corneille. — Voy. Taschereau, Hist. de Molière, pag. 108, suiv. ; et le Catalog. de ma bibliothèque, pag. 236, suiv.

  1. Comme le Catilina et le Sejan de Ben Jonson.