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XII

SUR NOS COMÉDIES ; EXCEPTÉ CELLES DE MOLIÈRE, OÙ L’ON TROUVE LE VRAI ESPRIT DE LA COMÉDIE :
ET SUR LA COMÉDIE ESPAGNOLE.

(1677.)



Pour la comédie, qui doit être la représentation de la vie ordinaire, nous l’avons tournée tout à fait sur la galanterie, à l’exemple des Espagnols ; sans considérer que les anciens s’étoient attachés à représenter la vie humaine, selon la diversité des humeurs ; et que les Espagnols, pour suivre leur propre génie, n’avoient dépeint que la seule vie de Madrid, dans leurs intrigues et leurs aventures.

J’avoue que cette sorte d’ouvrage auroit pu avoir dans l’antiquité un air noble, et je ne sais quoi de plus galant ; mais c’étoit plutôt le défaut de ces siècles-là, que la faute des auteurs. Aujourd’hui, la plupart de nos poëtes savent aussi peu ce qui est des mœurs, qu’on savoit en ces temps-là ce qui est de la galanterie. Vous diriez qu’il n’y a plus d’avares, de prodigues, d’humeurs douces et accommodées à la société, de naturels chagrins et austères.