Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/381

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mettre son esprit par quelque diversité agréable, il ne trouve de changement que par une autre importunité, dont le Docteur le désespère. Je sais que pour bien dépeindre la sottise d’un Docteur, il faut faire en sorte qu’il tourne toutes ses conversations sur la science dont il est possédé : mais que, sans jamais répondre à ce qu’on lui dit, il cite mille auteurs et allègue mille passages, avec une volubilité qui le met hors d’haleine, c’est introduire un fou qu’on devroit mettre aux Petites Maisons, et non pas ménager à propos l’impertinence de son Docteur.

Pétrone a toute une autre économie dans le ridicule d’Eumolpe ; la pédanterie de Sidias est autrement ménagée par Théophile ; le caractère de Caritidès dans les Facheux de Molière, est tout à fait juste ; on n’en peut rien retrancher, sans défigurer la peinture qu’il en fait. Voilà les savants ridicules, dont la représentation seroit agréable sur le théâtre. Mais c’est mal divertir un honnête homme, que de lui donner un misérable Docteur que les livres ont rendu fou, et qu’on devroit enfermer soigneusement, comme j’ai dit, pour dérober à la vue du monde l’imbécillité de notre condition et la misère de notre nature.

C’est pousser trop loin mes observations sur la comédie italienne ; et pour recueillir, en peu