Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/387

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esprit, quand ils possèdent leur sujet, ils creusent encore où il n’y a plus rien à trouver, et passent la juste et naturelle idée qu’il faut avoir, par une recherche trop profonde.

À la vérité, je n’ai point vu de gens de meilleur entendement que les François qui considèrent les choses avec attention, et les Anglois qui peuvent se détacher de leurs trop grandes méditations, pour revenir à la facilité du discours, et à certaine liberté d’esprit qu’il faut posséder toujours, s’il est possible. Les plus honnêtes gens du monde, ce sont les François qui pensent et les Anglois qui parlent.

Je me jetterois insensiblement en des considérations trop générales ; ce qui me fait reprendre mon sujet de la comédie, et passer à une différence considérable qui se trouve entre la nôtre et la leur : c’est qu’attachés à la régularité des anciens, nous rapportons tout à une action principale, sans autre diversité que celle des moyens qui nous y font parvenir. Il faut demeurer d’accord qu’un événement principal doit être le but et la fin de la représentation, dans la tragédie, où l’esprit sentiroit quelque violence dans les diversions qui détourneroient sa pensée. L’infortune d’un roi misérable, la mort funeste et tragique d’un grand héros, tiennent l’âme fortement attachée à ces importants objets ; et il lui suffit, pour toute variété,