Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/395

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séance ni la raison. Les vœux, les sacrifices, et généralement tout ce qui regarde le service des dieux, s’est chanté chez toutes les nations et dans tous les temps. Les passions tendres et douloureuses s’expriment naturellement par une espèce de chant : l’expression d’un amour que l’on sent naître, l’irrésolution d’une âme combattue de divers mouvements, sont des matières propres pour les Stances, et les stances le sont assez pour le chant. Personne n’ignore qu’on avoit introduit des Chœurs sur le théâtre des Grecs ; et il faut avouer qu’ils pourroient être introduits avec autant de raison sur le nôtre. Voilà quel est le partage du chant, à mon avis ; tout ce qui est de la conversation et de la conférence, tout ce qui regarde les intrigues et les affaires, ce qui appartient au conseil et à l’action, est propre aux comédiens qui récitent, et ridicule dans la bouche des musiciens qui le chantent. Les Grecs faisoient de belles tragédies, où ils chantoient quelque chose : les Italiens et les François en font de méchantes, où ils chantent tout.

Si vous voulez, savoir ce que c’est qu’un Opéra, je vous dirai que c’est un travail bizarre de poésie et de musique, où le poëte et le musicien, également gênés l’un par l’autre, se donnent bien de la peine à faire un méchant ouvrage. Ce n’est pas que vous n’y puissiez