Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/416

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poser, le bien suivre, et le mener naturellement à la fin ; qu’il falloit faire entrer les caractères dans les sujets, et non pas former la constitution des sujets après celle des caractères ; que nos actions devoient précéder nos qualités et nos humeurs ; qu’il falloit remettre à la philosophie de nous faire connoître ce que sont les hommes, et à la comédie de nous faire voir ce qu’ils font ; et qu’enfin ce n’est pas tant la nature humaine qu’il faut expliquer, que la condition humaine qu’il faut représenter sur le théâtre.

Ne vous ai-je pas bien servis, Messieurs, quand je me suis rendu ridicule par de si sottes propositions ? Pouvois-je faire plus pour vous, que d’exposer à votre censure la rudesse d’un vieux goût qui a fait voir le raffinement du vôtre ? Vous avez raison, Messieurs, vous avez raison de vous moquer des songes d’Aristote et d’Horace, des rêveries de Heinsius et de Grotius, des caprices de Corneille et de Ben-Johnson, des fantaisies de Rapin7, et de Boileau. La seule règle des honnêtes gens, c’est


7. René Rapin, jésuite, né en 1621, mort en 1687 ; homme de beaucoup d’esprit, critique fin et délicat, auteur du poème latin des Jardins (Hortorum libri IV), qui eut un grand succès, et de plusieurs ouvrages de critique, ou de piété, qui firent dire de lui qu’il servoit Dieu et le monde, par semestre.