Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/424

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l’Académie : qu’elle décide si Vaste est en usage, ou s’il n’y est pas ; je me rendrai à son jugement. Mais pour connoître la force et la propriété du terme, pour savoir si c’est un blâme, ou une louange, elle me permettra de m’en rapporter à la raison. Ce petit discours fera voir si je l’ai eue.

J’avois soutenu qu’Esprit vaste se prend en bonne, ou en mauvaise part, selon les choses qui s’y trouvent ajoutées ; qu’un Esprit vaste, merveilleux, pénétrant, marquoit une capacité admirable ; et qu’au contraire un Esprit vaste et démesuré, étoit un esprit qui se perdoit en des pensées vagues : en de belles, mais vaines idées, en des desseins trop grands, et peu proportionnés aux moyens qui nous peuvent faire réussir. Mon opinion me paroissoit assez modérée. Il me prend envie de nier que Vaste puisse, jamais, être une louange, et que rien soit capable de rectifier cette qualité. Le grand est une perfection dans les esprits, le vaste toujours un vice. L’étendue juste et réglée fait le grand, la grandeur démesurée fait le vaste : vastitas, grandeur excessive.

Le vaste et l’affreux ont bien du rapport : les choses vastes ne conviennent point avec celles qui font sur nous une impression agréable. Vasta solitudo n’est pas de ces solitudes qui donnent un repos délicieux, qui charment