Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/437

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un bienfaiteur, que d’avoir un maître. Louez, messieurs, louez l’esprit vaste ; il a coûté à César l’empire et la vie.

Bautru, qui étoit un assez bon juge du mérite des grands hommes, avoit coutume de préférer Charles- Quint, à tout ce qu’il y avoit eu de plus grand, dans l’Europe, depuis les Romains. Je ne veux pas décider, mais je pourrois croire que son esprit, son courage, son activité, sa vigueur, sa magnanimité, sa confiance, l’ont rendu plus estimable qu’aucun prince de son temps. Lorsqu’il prit le gouvernement de ses états, il trouva l’Espagne révoltée contre le cardinal Ximénès, qui en avoit la régence. L’humeur austère, et les manières dures de ce cardinal, étoient insupportables aux Espagnols. Charles fut obligé de venir en Espagne ; et les affaires étant passées des mains de Ximénès dans les siennes, tous les grands se mirent dans leur devoir, et toutes les villes rentrèrent bientôt dans l’obéissance.

Charles-Quint fut plus habile, ou plus heureux que François Ier, dans leur concurrence pour l’Empire. François se trouvoit plus riche et plus puissant ; Charles l’emporta par sa fortune, ou par la supériorité de son génie. Le gain de la bataille de Pavie, et la prise de Rome, laissèrent prisonniers, entre ses mains, un roi de France et un pape : triomphe qui a passé