Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/461

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de la confiance que M. de Turenne a eue en M. de Ruvigny, quarante ans durant, que de ces amitiés toujours citées, et jamais mises en usage parmi les hommes.

Il n’y a rien qui contribue davantage à la douceur de la vie que l’amitié ; il n’y a rien qui en trouble plus le repos que les amis, si nous n’avons pas assez de discernement pour les bien choisir. Les amis importuns font souhaiter des indifférents agréables. Les difficiles nous donnent plus de peine, par leur humeur, qu’ils ne nous apportent d’utilité, par leurs services. Les impérieux nous tyrannisent : il faut haïr ce qu’ils haïssent, fût-il aimable ; il faut aimer ce qu’ils aiment, quand nous le trouverions désagréable et fâcheux. Il faut faire violence à notre naturel, asservir notre jugement, renoncer à notre goût, et, sous le beau nom de complaisance, avoir une soumission générale pour tout ce qu’impose leur autorité. Les jaloux nous incommodent : ennemis de tous les conseils qu’ils ne donnent pas, chagrins du bien qui nous arrive sans leur entremise, joyeux et contents du mal qui nous vient par le ministère des autres.

Il y a des amis de profession, qui se font un honneur de prendre notre parti sur tout ; et ces vains amis ne servent à autre chose qu’à aigrir le monde contre nous, par des contestations indiscrètes. Il y en a d’autres, qui nous justifient