Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/478

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

S’il y avoit quelque grâce à faire à Son Eminence, il faudrait rejeter sa faute sur la foiblesse d’un mourant : c’est trop demander à l’homme, que de lui demander d’être sage, quand il se meurt.

Il me souvient que le lendemain de ces tristes noces, les médecins assurèrent le maréchal de Clerembaut que M. le cardinal se portoit mieux. C’est un homme perdu, dit le maréchal ; il a marié sa nièce à M. Mazarin : le transport s’est fait au cerveau, la tête est attaquée, c’est un homme mort. Excusons donc ce grand cardinal sur sa maladie, excusons-le sur la misère de notre condition : il n’y a personne à qui une pareille excuse ne puisse être un jour nécessaire. Pleurons par compassion et par intérêt : quel sujet, messieurs, manque à nos larmes ?

Pleurons, pleurons; et c’est peu que des pleurs,
Pour de si funestes malheurs :
N’attendons pas la perte de ces charmes :
Infortunés liens, vous valez bien nos larmes !

Je sens que ma compassion va s’étendre jusque sur M. Mazarin : celui qui fait le malheur des autres, fait pitié lui-même. Voyez l’état auquel il se trouve, messieurs ; et vous serez aussi disposés que moi à le plaindre. M. Mazarin gémit sous le poids des biens et des honneurs, dont on l’a chargé ; la fortune