Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/488

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à tous les princes qui étoient sur son passage, et commander toutes les troupes qu’ils commandoient. Le premier eût dépendu d’elle ; mais ce n’étoit pas son dessein. Elle fit quelque essai du second ; car les troupes recevoient ses ordres plus volontiers que ceux de leurs généraux. Après avoir fait plus de trois cents lieues, elle arriva en Hollande, et ne demeura à Amsterdam que le temps qu’il faut pour voir les raretés d’une ville si singulière et si renommée. Sa curiosité satisfaite, elle en partit pour la Brille, et s’embarqua à la Brille pour l’Angleterre.

Il manquoit à ce voyage une tempête ; il en vint une qui dura cinq jours : tempête, aussi furieuse que longue ; tempête, qui fit perdre conseil et résolution aux matelots, et aux passagers toute espérance. Madame Mazarin fut seule exempte de lamentation : moins importune à demander au ciel qu’il la conservât, que soumise et résignée à ses volontés. Il étoit arrêté qu’elle verroit l’Angleterre : elle y aborda, et se rendit à Londres en peu de temps8.

Tous les peuples avoient une grande curiosité de la voir ; les dames une plus grande alarme de son arrivée. Les Angloises, qui


8. Mme Mazarin vint en Angleterre au mois de décembre 1675.