Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/498

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sons jusqu’à ses vertus, quand il attache le corps d’Hector à son chariot, et qu’il le traîne inhumainement au camp des Grecs. Je l’aimois vaillant, je l’aimois ami de Patrocle ; la cruauté de son action me fait haïr sa valeur et son amitié. C’est tout le contraire, pour Hector. Ses bonnes qualités reviennent dans notre esprit : nous le regrettons davantage ; son idée, devenue plus chère, s’attire tous les sentiments de notre affection.

Et qu’on ne dise point, en faveur d’Achille, qu’Hector a tué son cher Patrocle. Le ressentiment de cette mort ne l’excuse point auprès de nous. Une douleur, qui lui permet de suspendre sa vengeance, et d’attendre ses armes avant que d’aller combattre ; une douleur si patiente ne le devoit pas pousser à cette barbarie, le combat fini. Mais dégageons l’amitié de notre aversion. La plus douce, la plus tendre des vertus, ne produit point des effets si contraires à sa nature. Achille les a trouvés dans le fonds de son naturel. Ce n’est point à l’ami de Patrocle, c’est à l’inhumain, à l’inexorable Achille qu’ils appartiennent.

Tout le monde en demeurera d’accord aisément. Cependant les vices du héros ne retomberont pas sur le poëte. Homère a plus songé à peindre la nature telle qu’il la voyoit, qu’à faire des héros fort accomplis. Il les a dépeints