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XXIV

DU MERVEILLEUX QUI SE TROUVE
DANS LES POËMES DES ANCIENS.

(1685.)



Si{{{2}}} l’on considère le merveilleux des poëmes de l’antiquité, dégagé des beaux sentiments, des fortes passions, des expressions nobles, dont les ouvrages des poëtes sont embellis ; si on le considère destitué de tous ornements, et qu’on vienne à l’examiner purement par lui-même, je suis persuadé que tout homme de bon sens ne le trouvera guère moins étrange que celui de la chevalerie : encore le dernier est-il plus discret en ce point, qu’on y fait faire aux diables et aux magiciens toutes les choses pernicieuses, sales, déshonnêtes ; au lieu que les poëtes ont remis ce qu’il y a de plus infâme au ministère de leurs déesses et de leurs dieux. Ce qui n’empêche pas toutefois que les poëmes ne soient admirés, et que les livres de chevalerie ne paroissent ridicules : les uns admirés, pour l’esprit et la science qu’on y trouve : les autres trouvés ridicules, pour l’imbécillité dont ils sont remplis. Le merveilleux des poëmes sou-