Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/508

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Je demande autant que personne leur intervention ; mais je veux qu’ils y viennent avec de la sagesse, de la justice, de la bonté ; non pas, comme on les y fait venir d’ordinaire, en fourbes et en assassins. Je veux qu’ils y viennent avec une conduite à tout régler, non pas avec un dérèglement à tout confondre.

Peut-être qu’on fera passer tant d’extravagances pour des fables et des fictions, qui tombent dans les droits de la poésie. Mais quel art, ou quelle science, peut avoir un droit pour l’exclusion du bon sens ? S’il ne faut que faire des vers, pour avoir le privilège d’extravaguer, je ne conseillerai jamais à personne d’écrire en prose, où l’on devient ridicule, aussitôt qu’on s’éloigne de la bienséance et de la raison.

J’admire que les anciens poëtes aient été si scrupuleux, pour la vraisemblance, dans les actions des hommes, et qu’ils n’en aient gardé aucune, dans celles des dieux. Ceux même qui ont parlé le plus sagement de leur nature, n’ont pu s’empêcher de parler extravagamment de leur conduite. Quand ils établissent leur être et leurs attributs, ils les font immortels, infinis, tout-puissants, tout sages, tout bons : mais du moment qu’ils les font agir, il n’y a faiblesse où ils ne les assujettissent ; il n’y a folie, ou méchanceté, qu’ils ne leur fassent faire.

On dit communément deux choses qui pa-