Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/537

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Ces fausses délicates ont ôté à l’amour ce qu’il a de plus naturel, pensant lui donner quelque chose de plus précieux. Elles ont tiré une passion toute sensible du cœur à l’esprit, et converti des mouvements en idées. Cet épurement si grand a eu son principe d’un dégoût honnête de la sensualité ; mais elles ne se sont pas moins éloignées de la véritable nature de l’amour, que les plus voluptueuses ; car l’amour est aussi peu de la spéculation de l’entendement, que de la brutalité de l’appétit. Si vous voulez savoir en quoi les Précieuses font consister leur plus grand mérite, je vous dirai que c’est à aimer tendrement leurs amants sans jouissance, et à jouir solidement de leurs maris avec aversion.


SONNET.
(1657 ?)

Nature, enseigne-moi par quel bizarre effort
Notre âme, hors de nous, est quelquefois ravie ;
Dis-nous comme à nos corps elle-même asservie,
S’agite, s’assoupit, se réveille, s’endort !

Les moindres animaux, plus heureux dans leur sort,