Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/545

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Si je trouvois une Lucrèce,
Capable d’un peu de tendresse,
J’accorderois, avec plaisir,
Son honneur avec mon désir ;
J’entretiendrais, en sa belle âme,
La douceur d’une honnête flamme ;
Et les intérêts de son cœur,
Ménagés avec sa pudeur,
Feroient voir au monde une prude,
Sans rien de trop doux ni de rude.
Mais, dieux ! quelle espèce d’amour !
Ô triste et malheureux retour !
Qu’il te faut d’art avec des belles
Que tu veux tendres et cruelles !
Que d’art à vaincre des rigueurs !
Que d’art à borner les faveurs !
Que d’art à trouver la tendresse,
Sans intéresser la Lucrèce !
Encor, ce mal seroit léger,
N’étoit qu’on ne peut plus changer.
Adieu, pour jamais je vous quitte,
Agréable légèreté ;
J’entre dans la saison maudite,
Où la triste fidélité
N’a rien qu’un ennuyeux mérite,

Dont on est bientôt dégoûté.