Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/555

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’on aime à regarder et qu’on ne touche pas.
Mais, après les douceurs qu’on goûte à leur naissance,
Quand les yeux ont usé leurs innocents plaisirs,
Que le cœur a senti la tendre violence
De l’amoureux tourment que donnent les désirs :
Enfin, la volupté, la pleine jouissance…
Un autre pourra l’exprimer,
Je ne mérite pas même de la nommer.
Faveur, qu’on m’a fait trop attendre,
Vous viendriez hors de saison :
Adieu, je cesse de prétendre
Un si rare et glorieux don.
Mais, pour ne fermer pas tout accès à la joie,
Souffrez, Hortense, au moins, souffrez que je vous voie ;
Et quand la foiblesse des yeux
Me rendra difficile un bien si précieux,
Quand les divins appas dont vous êtes pourvue
Échapperont, hélas ! à ma débile vue,
Ne vous offensez pas qu’afin de les mieux voir,
J’appelle à mon secours lunettes et miroir.
Je n’en demande point pour lire :
Entretenir les morts est un triste entretien ;
J’en veux aussi peu pour écrire :
L’écriture m’a fait plus de mal que de bien.
Je n’en veux faire aucun usage,
Que pour voir le plus beau visage,
Pour admirer les plus beaux traits

Que nature forma jamais.