Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/73

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que la guerre, même ceux qui n’y alloient pas, pour y avoir été autrefois, ou pour y devoir aller un jour.

À Carthage, on demandoit toujours la paix, au moindre mal dont on étoit menacé, tant pour se défaire des étrangers, que pour retourner au commerce. On y peut ajouter encore cette différence, que les Carthaginois n’ont rien fait de grand que par la vertu des particuliers ; au lieu que le peuple romain a souvent rétabli, par sa fermeté, ce qu’avoit perdu l’imprudence ou la lâcheté de ses généraux. Toutes ces choses considérées, il ne faut pas s’étonner que les Romains soient demeurés victorieux ; car ils avoient les qualités principales qui rendent un peuple maître de l’autre.

Comme l’idée des richesses avoit donné aux Romains l’envie de conquérir la Sicile, la conquête de la Sicile leur donna envie de jouir des richesses qu’ils s’étoient données. La paix avec les Carthaginois, après une si rude guerre, inspira l’idée du repos, et le repos fit naître le goût des voluptés. Ce fut là que les Romains introduisirent les premières pièces de théâtre, et là qu’on vit chez eux les premières magnificences ; on commença d’avoir de la curiosité pour les spectacles, et du soin pour les plaisirs.

Les procès, quoique ennemis de la joie, ne laissèrent pas de s’augmenter, chacun ayant