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nouveaux essais sur l’entendement

taine) qui sont faits des idées simples d’une même espèce, c’est-à-dire des unités, ou mixtes (comme la beauté) où il entre des idées simples de différentes espèces.

Th. Peut-être que douzaine ou vingtaine ne sont que les relations et ne sont constituées que par le rapport à l’entendement. Les unités sont à part et l’entendement les prend ensemble, quelque dispersées qu’elles soient. Cependant, quoique les relations soient de l’entendement, elles ne sont pas sans fondement et réalité, car le premier entendement est l’origine des choses : et même la réalité de toutes choses, excepté les substances simples, ne consiste que dans le fondement des perceptions des phénomènes des substances simples. Il en est souvent de même à l’égard des modes mixtes, c’est-à-dire qu’il faudrait les renvoyer plutôt aux relations.

§ 6. Ph. Les idées des substances sont certaines combinaisons d’idées simples, qu’on suppose représenter des choses particulières et distinctes, qui subsistent par elles-mêmes, parmi lesquelles idées on considère toujours la notion obscure de substance comme la première et la principale, qu’on suppose sans la connaître, quelle qu’elle soit en elle-même.

Th. L’idée de la substance n’est pas si obscure qu’on pense. On en peut connaître ce qui se doit et ce qui se connaît en autres choses, et même la connaissance des concrets est toujours antérieure à celle des abstraits ; on connaît plus le chaud que la chaleur.

§ 7. Ph. À l’égard des substances, il y a aussi deux sortes d’idées. L’une des substances singulières, comme celle d’un homme ou d’une brebis ; l’autre, de plusieurs substances, jointes ensemble, comme d’une armée d’hommes et d’un troupeau de brebis ; ces collections forment aussi une seule idée.

Th. Cette unité de l’idée des agrégés est très véritable ; mais dans le fond il faut avouer que cette unité de collection n’est qu’un rapport ou une relation dont le fondement est dans ce qui se trouve en chacune des substances singulières à part. Ainsi ces êtres par agrégation n’ont point d’autre unité achevée que la mentale ; par conséquent, leur entité aussi est en quelque façon mentale ou de phénomène comme celle de l’arc-en-ciel.