Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

livre quatrième

de la connaissance


Chap. I. — De la connaissance.

§ 1. Ph. Jusqu’ici nous avons parlé des idées et des mots qui les représentent. Venons maintenant aux connaissances que les idées fournissent, car elles ne roulent que sur nos idées. § 2. Et la connaissance n’est autre chose que la perception de la liaison et convenance ou de l’opposition et disconvenance qui se trouve entre deux de nos idées. Soit qu’on imagine, conjecture ou croie, c’est toujours cela. Nous nous apercevons, par exemple, par ce moyen, que le blanc n’est pas le noir et que les angles d’un triangle et leur égalité avec deux angles droits ont une liaison nécessaire.

Th. La connaissance se prend encore plus généralement, en sorte qu’elle se trouve aussi dans les idées ou termes avant qu’on vienne aux propositions ou vérités. Et l’on peut dire que celui qui aura vu attentivement plus de portraits de plantes et d’animaux, plus de figures de machines, plus de descriptions ou représentations de maisons ou de forteresses, qui aura lu plus de romans ingénieux, entendu plus de narrations curieuses, celui-là, dis-je, aura plus de connaissance qu’un autre, quand il n’y aurait pas un mot de vérité en tout ce qu’on lui a dépeint ou raconté ; car l’usage qu’il a de se représenter dans l’esprit beaucoup de conceptions ou idées expresses et actuelles le rend plus propre à concevoir ce qu’on lui propose, et il est sûr qu’il sera plus instruit et plus capable qu’un autre qui