Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/392

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
364
nouveaux essais sur l’entendement

connaissons point de sous-division et que nous prenons maintenant pour la plus basse espèce (mais seulement par provision, jusqu’à ce que la subdivision soit connue), et si l’on en trouvait quelque jour une nouvelle espèce, c’est-à-dire un or artificiel aisé à faire et qui pourrait devenir commun ; je dis que dans ce sens la définition de ce genre ne doit point être jugée provisionnelle, mais perpétuelle. Et même sans me mettre en peine des noms de l’homme ou de l’or, quelque nom qu’on donne aux genres où à la plus basse espèce connue, et quand même on ne leur en donnerait aucun, ce qu’on vient de dire serait toujours vrai des idées des genres ou des espèces, et les espèces ne seront définies que provisionnellement quelquefois par les définitions des genres. Cependant, il sera toujours permis et raisonnable d’entendre qu’il y a une essence réelle interne appartenant par une proposition réciproque, soit au genre, soit aux espèces, laquelle se fait connaître ordinairement par les marques externes. J’ai supposé jusqu’ici que la race ne dégénère ou ne change point : mais, si la même race passait dans une autre espèce, on serait d’autant plus obligé de recourir à d’autres marques et dénominations intrinsèques ou extrinsèques, sans s’attacher à la race.

§ 7. Ph. Les idées complexes, que les noms que nous donnons aux espèces des substances justifient, sont des collections des idées de certaines qualités que nous avons remarquées coexister dans un soutien inconnu que nous appelons substance. Mais nous ne saurions connaître certainement quelles autres qualités coexistent nécessairement avec de telles combinaisons, à moins que nous ne puissions découvrir leur dépendance à l’égard de leurs premières qualités.

Th. J’ai déjà remarqué autrefois que le même se trouve dans les idées des accidents dont la nature est un peu abstruse, comme sont par exemple les figures de géométrie ; car, lorsqu’il s’agit par exemple de la figure d’un miroir qui ramasse tous les rayons parallèles dans un point comme foyer, on peut trouver plusieurs propriétés de ce miroir avant d’en connaître la construction ; mais on sera en incertitude sur beaucoup d’autres affections qu’il peut avoir, jusqu’à ce qu’on trouve en lui ce qui répond à la constitution interne des substances, c’est-à-dire la construction de cette figure du miroir, qui sera comme la clef de la connaissance ultérieure.

Ph. Mais, quand nous aurions connu la constitution intérieure de ce corps, nous n’y trouverions que la dépendance que les qualités