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Correspondance
de Leibniz et d’Arnauld

1686-1690


Leibniz au prince Ernest landgrave de Hesse.

Extrait de ma lettre à Mgr le landgrave Ernest.
1 11 février 1686

J’ai fait dernièrement, étant à un endroit où quelques jours durant je n’avais rien ai faire, un petit discours de métaphysique, dont je serais bien aise d’avoir le sentiment de M. Arnaud[1], car les questions de la grâce, du concours de Dieu avec les créatures, de la nature des miracles, de la cause du péché et de l’origine du mal, de l’immortalité de l’âme, des idées, etc., sont touchées d’une manière qui semble donner de nouvelles ouvertures propres à éclairer des difficultés très grandes. J’ai joint ici le sommaire des articles qu’il contient, car je ne l’ai pas encore pu faire mettre au net. Je supplie donc V. A. S. de lui faire envoyer ce sommaire et de le faire prier de le considérer un peu et de dire son sentiment ; car, comme il excelle également dans la théologie et dans la philosophie, dans la lecture et dans la méditation, je ne trouve personne qui soit plus propre que lui d’en juger. Et je souhaiterais fort d’avoir un censeur aussi exact, aussi éclairé et aussi raisonnable que l’est M. Arnaud, étant moi-même l’homme du monde le plus disposé de céder à la raison. Peut-être que M. Arnaud trouvera ce peu de choses pas tout à fait indignes de sa considération, surtout puisqu’il a été assez occupé à

  1. Leibniz écrit toujours Arnaud de cette manière.