Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/676

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’autre part, vous reconnaissez aussi que les êtres spirituels peuvent faire des efforts ; et comme il n’y a point d’effort qui ne suppose quelque résistance, il est nécessaire ou que cette résistance se trouve plus forte ou plus faible ; si plus forte, elle surmonte ; si plus faible, elle cède. Or il n’est pas impossible que l’esprit faisant effort pour mouvoir le corps, le trouve muni d’un effort contraire qui lui résiste tantôt plus, tantôt moins, et cela suffit pour faire qu’il en souffre. C’est ainsi que saint Augustin explique de dessein formé, dans ses livres de la musique, l’action des esprits sur le corps.

Je sais qu’il y a bien encore des questions à faire avant que d’avoir résolu toutes celles que l’on peut agiter, depuis les premiers principes ; tant il est vrai que l’on doit observer les lois des académiciens, dont la seconde défend de mettre en question les choses que l’on voit bien ne pouvoir décider, comme sont presque toutes celles dont nous venons de parler ; non pas que ces questions soient absolument irrésolubles, mais parce qu’elles ne le sont que dans un certain ordre qui demande que les philosophes commencent à s’accorder pour la marque infaillible de la vérité, et s’assujettissent aux démonstrations depuis les premiers principes : et en attendant, on peut toujours séparer ce que l’on conçoit clairement et suffisamment, des autres points ou sujets qui renferment quelque obscurité.

Voilà, Monsieur, ce que je puis dire présentement de votre système, sans parler des autres beaux sujets que vous y traitez par occasion et qui mériteraient une discussion particulière.