Page:Œuvres philosophiques de Leibniz, Alcan, 1900, tome 1.djvu/781

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l’interne : autrement c’est choisir sans discerner. La volonté sans raison serait le hasard des épicuriens. Un Dieu qui agirait par une telle volonté serait un Dieu de nom. La source des erreurs est qu’on n’a point de soin d’éviter ce qui déroge aux perfections divines.

19. Lorsque deux choses incompatibles sont également bonnes, et que tant en elles que par leur combinaison avec d’autres, l’une n’a point d’avantage sur l’autre, Dieu n’en produira aucune.

20. Dieu n’est jamais déterminé par les choses externes, mais toujours par ce qui est en lui, c’est-il-dire, par ses connaissances, avant qu’il y ait aucune chose hors de lui.

21. Il n’y a point de raison possible, qui puisse limiter la quantité de la matière. Ainsi cette limitation ne saurait avoir lieu.

22. Et supposé cette limitation arbitraire, on pourrait toujours ajouter quelque chose, sans déroger à la perfection des choses qui sont déjà : et par conséquent il faudra toujours y ajouter quelque chose, pour agir suivant le principe de la perfection des opérations divines.

23. Ainsi on ne saurait dire que la présente quantité de la matière est la plus convenable pour leur présente constitution. Et quand même cela serait, il s’ensuivrait que cette présente constitution des choses ne serait point la plus convenable absolument, si elle empêche d’employer plus de matière ; il faudrait donc en choisir une autre, capable de quelque chose de plus.

24. Je serais bien aise de voir le passage d’un philosophe, qui prenne Sensorium autrement que Goclenius.

25. Si Scapula dit que Sensorium est la place où l’entendement réside, il entendra l’organe de la sensation interne. Ainsi il ne s’éloignera point de Goclenius.

26. Sensorium a toujours été l’organe de la sensation. La glande pinéale serait, selon Descartes, le Sensorium dans le sens qu’on rapporte de Scapula.

27. Il n’y a guère d’expression moins convenable sur ce sujet, que celle qui donne à Dieu un Sensorium. Il semble qu’elle le fait l’âme du monde. Et on aura bien de la peine à donner à l’usage que M.  Newton fait de ce mot un sens qui le puisse justifier.

28. Quoiqu’il s’agisse du sens de M.  Newton, et non pas de celui de Goclenius, on ne me doit point blâmer d’avoir allégué le dictionnaire philosophique de cet auteur ; parce que le but des dictionnaires est de remarquer l’usage des termes.