Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/81

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XV.

C’est en vain que je pleure, et sanglotte ma plainte,
Ma blessure est mortelle, on ne la peut guerir,
Mais puis qu’un si beau traict me fait vivre et mourir,
Favorable à ma gloire et douce en est l’atainte

Doux chaion de mon cœur, dont l’agreable estrainte
Fait affoler mon ame après un long plaisir,
De qui le miel trompeur aleche mon desir,
Nourrissant mon espoir d’une amoureuse feinte.

Bien que le seul trespas soit le contentement.
Dont l’attente alaictoit le soucieux tourment,
Qui rendoit ma raison à l’amour asservie :

Las ! je meurs fatisfaict, puisque de ses beaux yeux
Le regard sert de fleche au Roy victorieux,
Qui tranche doucement la trame de ma vie.

XVI.

Si d’un chaste vouloir j’idolatre vos yeux,
Et si pour vous aymer un doux souci me blesse,
Pourquoy foudroyez-vous, trop ingrate maistresse,
Le désir qui me porte au ciel victorieux ?

Craignez-vous, si son vol mesleve dans les cieux
Que mesprisant la terre icy-bas te vous laisse ?