Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/90

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Doux penser partisan de ma fidelité,
Fais-moy voir ma Cleande en douceur toute humaine :

Ores que sa beauté s’eclipse de mes yeux,
Je cille ma paupiere à la clarté des Cieux,
Car j’ay tant seulement des regards pour ses charmes.

Maintenant Esloigné du jout de ses appas,
Je ne puis que par toy secher mes tristes larmes.
Et vaincre la douleur qui me livre au trépas.

XXIX.

Beau jour de ma fortune où reluit ta lumiere,
Que ne dissipes-tu les ombres de mes nuits,
Où la triste fureur de mille et mille ennuis,
Engouffre aux desplaisirs mon ame prisonniere

Rien ne me reste, helas ! de ma gloire premiere,
Que le seul fouvenir de ton jour, qui me fuis,
Et parmy les douleurs qui m’affligent despuis
Mon heur passé finit ma vitale carriere.

Puis que je te perdis trop cruelle beauté,
Pourquoy le fouvenir de ma felicité
Ne se perdit alors avec ta jouisance ?

Aussi tost que le Ciel enuieux de mon bien,
Deslaça fil à fil nostre amoureux lien,
Las ! le devois mourir avecque ta confiance.