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IV

Calcutta, le 10 décembre 18…

Le jeudi, à cinq heures, Flora entrait dans ma chambre, accompagnée d’une petite personne vêtue d’un long manteau en drap léger, la tête garnie d’une écharpe de dentelle blanche qui lui couvrait la moitié du visage.

En me tendant la main, je lui demandai aussitôt pourquoi Dora n’était pas avec elles.

— Notre pauvre amie est souffrante et ne peut pas venir aujourd’hui.

Puis, voyant mon regard se fixer sur celle qui l’accompagnait, elle me dit, en la désignant : « Cher ami, c’est la troisième : c’est Maud !… Ma chère Maud, fit-elle d’un ton comiquement solennel, permettez-moi de vous présenter mon grand ami M. Léo Fonteney, ingénieur, venu de France pour diriger des travaux dans l’Inde. »

Je saluai ; le petit paquet me fit une révérence cérémonieuse. Flora reprit, non moins sérieusement : « Cher monsieur, je vous présente miss Maud Clemenson, ma meilleure amie avec Dora Simpson. »

Nouvelle révérence, et shake-hand vigoureux.

— Et maintenant, reprit Flora en me sautant au cou, que les présentations sont faites, amusons-nous…

— Et la lettre, Flora ! dit Maud.

— Ah ! c’est vrai ! étourdie que je suis, je n’y pensais plus… Tenez, fit-elle, en sortant de son corsage un petit papier parfumé : c’est une lettre que Dora m’a dit de vous remettre.

Je reconnus aussitôt la branche de fougère, et ayant déplié le papier, qui n’était point cacheté, je lus :

Cher ami, une indisposition de quelques jours m’empêche

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