Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/59

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— Oui, reprit Flora à son tour, Kate était notre troisième, à Dora et à moi ; elle avait trois ou quatre ans de plus que nous. Elle s’est mariée, il y a quelques mois, et habite maintenant Rangoon (Birmanie anglaise). Seulement avant de nous quitter, elle avait « préparé » Maud, et elle nous l’a passée pour la remplacer.

— C’est une intention délicate… Et Maud s’est laissée faire ?…

— Je crois bien, répliqua, vivement celle-ci ; il y a longtemps que je me doutais de ce qui se passait entre Kate et ses deux amies, et je mourais d’envie d’en être… Aussi, la première fois que nous fîmes l’amour toutes quatre ensemble, je faillis mourir de joie… J’aime tant Flora !…

— Et Dora ?…

— Dora aussi je l’aime bien ; elle est si belle, si polissonne, et si… tout, quoi !… Mais je préfère Flora ; elle est si bonne !… Dora pense surtout au plaisir qu’elle se procure ; Flora ne s’occupe qu’à donner du plaisir aux autres.

— Veux-tu te taire ! protesta celle-ci… tu as bien vu que non, tout à l’heure…

— Si, si… tiens… je t’aime…

Et la gentille enfant se mit en travers de mon corps pour embrasser Flora qui, toute émue, lui tendait son museau par-dessus mon visage.

Quant à moi, j’étais ravi d’apprendre tous ces petits secrets, et charmé des aptitudes amoureuses de mes trois délicieuses maîtresses.

Bien entendu, chère Cécile, je te donne ici la traduction de ce dialogue qui était dit en un anglais tout à fait divertissant.

Enfin l’heure était venu de nous séparer, et Flora me donna rendez-vous pour le samedi, au tennis de Dora.

Maud me donna un dernier baiser, en ajoutant : « Je n’y

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