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VIII

Calcutta, le 6 janvier 18…

Je t’ai dit, chère Cécile, que le surlendemain du jour où Flora m’avait amené cette délicieuse petite Maud, je devais assister à l’afternoon-tea et au tennis que Dora donne une fois par semaine à ses amis et à ceux de son père.

Quand j’arrivai dans le jardin, deux parties étaient engagées, dans lesquelles figuraient mes trois amies : je ne pus que les saluer rapidement. Tandis que je causais avec sir Duncan Simpson et quelques personnes, je les suivis du regard dans tous leurs mouvements.

Dora mettait, comme malgré elle, de la dignité, je dirais presque de la majesté dans ses moindres gestes. Flora, plus maîtresse d’elle, était la grâce un peu nonchalante, mais dont je jouissais avec délices en pensant aux heures folles que nous avions passées ensemble.

Dans la partie voisine, Maud, en robe courte, vive, sautillant, riant comme une enfant espiègle et se tournant pour me faire des grimaces, sans que le groupe où j’étais sût à qui elles s’adressaient.

La partie où figurait Dora prit fin et elle s’avança vers nous pour me serrer la main, puis elle ajouta : « Vous m’avez dit, monsieur Fonteney, que vous aimiez beaucoup les fleurs ; voulez vous venir voir ma serre ?… »

Jamais il n’avait été question entre nous de mon amour pour les fleurs, mais je m’inclinai, devinant sa pensée. Je m’éloignai avec elle. En même temps elle appela Flora, qui s’empressa d’accourir, tandis que Maud, dont la partie n’était pas finie, nous regardait partir d’un air boudeur.

— Je parie, dit Flora, qu’avant dix minutes elle nous aura rejoints.

En entrant dans la serre, nous aperçûmes une ravissante collection de fougères, de mousses, de silaginelles, au milieu desquelles un ruisselet et un petit jet d’eau entretenaient

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