Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/90

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laquelle je redoublais d’ardeur. Je la sentais palpiter sous mes caresses, et malgré le quasi-silence auquel nous étions obligés, elle ne pouvait s’empêcher de pousser de délicieuses exclamations : « Oh ! qu’elle est bonne, ta langue… va, mon chéri… jouis aussi… suce bien, Maud… va… tiens, tiens… »

Dora, qui s’était rapprochée, put recevoir sur ses lèvres les derniers soupirs de la tendre enfant, tandis que, de mon côté, j’exhalai un flot brûlant dans la bouche de la gourmande gamine, qui se releva en s’essuyant les lèvres.

Toute cette scène n’avait pas duré plus d’un quart d’heure, et nous fûmes prêts en un instant à retourner sur la pelouse. Cependant, jetant un dernier regard dans la serre, j’aperçus, sur une petite table, une boîte de couleurs, et un chevalet avec une chaise devant.

— Qu’est-ce que cela ? demandai-je en sortant.

— C’est l’attirail de peinture de Dora, répondit Flora. Vous ne savez donc pas qu’elle fait l’aquarelle à ravir. Elle ne vous l’a donc pas dit ?

— Jamais !… Comment, Dora, vous êtes modeste à ce point ?…

— Bah ! je n’y ai pas seulement pensé.

— Chère amie, il faudra me montrer vos merveilles…

— Vous savez bien, répondit-elle avec un sourire malin, que je vous montre tout ce que vous voulez. Eh bien ! oui, je vous ferai voir mon atelier avec tout ce qu’il y a dedans. En attendant, venez prendre un cocktail.

Nous avions rejoint la compagnie qui s’était fort éclaircie pendant notre courte absence. Il n’y avait plus, avec Sir Duncan, que trois ou quatre personnes, et parmi elles la mère de Maud.

— Monsieur Fonteney m’a demandé à visiter mon atelier et à voir mes croûtes, dit Dora à son père.

— C’est une faveur, me dit celui-ci, que ma fille n’a

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