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LA BELLE ALSACIENNE


Un peu d’expérience du monde m’avait trop appris combien il est facile à une femme qui a quelque beauté et une sorte de réputation de former autant d’engagements qu’il lui plaît, pour désespérer de donner un prompt successeur au négligent étranger qui refusait de rendre à mes appas le juste hommage qu’ils méritaient. Je n’attendis pas longtemps, l’amour justifia mes espérances.

Je m’avisai un jour d’aller à la foire Saint-Germain, dans l’intention de dissiper l’ennui dont j’étais obsédée. J’entrai dans une boutique pour y voir quelques porcelaines. Un jeune homme fort bien mis et suivi de plusieurs domestiques entra en même temps que moi. Je devins bientôt l’objet de ses regards, je m’y étais attendue ; et quoique son attention dut flatter ma vanité, je n’étais pas cependant trop contente de sa façon de m’examiner : il me parcourait avec une avidité familière, qui, en m’instruisant que ma vue lui inspirait du plaisir, m’avertissait en même temps que ma physionomie le mettait à son aise. Je voyais des désirs

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