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LA BELLE ALSACIENNE


air négligent ; il est quelquefois divertissant de s’ennuyer ; c’est une partie de plaisir qu’on ne peut troubler sans indiscrétion.

— Voilà peut-être, répliqua-t-il, une bizarrerie assez singulière… mais c’est qu’au fond, vous êtes adorable… charmante… À propos, que faites-vous aujourd’hui ? Verrez-vous l’Opéra-Comique ? Souperons-nous ensemble ?

— Mais je ne sais, repris-je, que me conseillez-vous ?

— Fort bien, dit-il, vous ne pouviez mieux vous adresser pour des conseils, lorsqu’il s’agit surtout d’en donner à quelqu’un fait comme vous ; je suis d’une prudence qui vous édifiera. Voulez-vous m’en croire ? Consacrons le reste de ce jour à la solitude. Il est beau quelquefois de pouvoir assez prendre sur soi-même pour se dérober au fracas du monde ; agréez que je vous reconduise chez vous ; ne goûtez-vous pas mon avis ?

— Il est trop rare pour n’être pas suivi, répondis-je : je le veux bien, quand ce ne