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LA BELLE ALSACIENNE

Nécessité cruelle, que tu m’as coûté de soins et de tourments ! Qu’il est triste d’être née tendre, lorsqu’une façon de penser trop scrupuleuse tyrannise notre sensibilité !

Livrée à ces réflexions accablantes, on peut juger à quel point ma situation m’affligeait ; Combien j’étais obligée de prendre sur moi-même, pour me défendre des empressements que l’amour mettait en usage pour me séduire : plus ma défaite semblait prochaine, plus ma vertu rigide s’armait de résolution pour surmonter mon penchant. En vain le marquis de *** (car il m’avait instruite de son nom), jeune, aimable, employait, pour me vaincre, cet heureux don de plaire qu’il avait reçu de la nature ; en vain, prosterné à mes pieds, il joignait aux plus tendres protestations les plus brillantes promesses : il eut beau soupirer, se plaindre douloureusement de l’obstacle que je mettais à son bonheur, je fus inexorable.

Les instances les plus vives, la pétulance de ses transports, ses gémissements ne