Page:A. Bret, La belle alsacienne , ou Telle mère telle fille, 1923.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
LA BELLE ALSACIENNE


purent accélérer son triomphe, ni me sortir des bornes que la pudeur me prescrivait ; ce ne fut qu’après une résistance opiniâtre, qui dura presque une mortelle demi-heure, que je pus me résoudre de recevoir ses hommages, et lorsque je crus avoir mis, dans ma façon de me rendre, toute la décence que mon état exigeait de moi.

Une si longue résistance n’avait servi qu’à redoubler l’ardeur du marquis. J’étais trop satisfaite des preuves qu’il me donnait de son sincère attachement, pour ne pas partager ses transports ; il parut enchanté de la franchise avec laquelle je répondais à sa flamme ; il me demanda la permission de m’avouer publiquement comme quelqu’un qui lui voulait du bien.

J’en avais trop fait pour lui refuser cette marque de considération ; nous nous trouvâmes dans le même jour liés de la plus tendre amitié et presque aussi familiers que d’anciennes connaissances ; effet étonnant de la sympathie !

Je n’eus pas la peine d’imaginer des prétextes pour colorer le congé que j’étais