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LA BELLE ALSACIENNE


obtient enfin l’honneur de leur présence : ils jouissent encore par-dessus cela du noble privilège d’être aussi impertinents qu’il leur plaît et la plupart le sont ordinairement à proportion de leurs talents.

Ce mélange de caractères différents, outre qu’il m’amusait, servait encore à former mes esprits ; mes idées se développaient ; j’apprenais insensiblement à mieux connaître les hommes que je n’avais fait jusqu’alors : ils ne gagnent pas trop à être connus, mais il est d’une extrême importance pour les femmes qui, comme moi, se destinent à faire agir les ressorts de leurs passions, de réfléchir sérieusement sur les bonnes et mauvaises qualités ; on ne peut trop les étudier, afin de ne les estimer que ce qu’ils valent ; encore trouvent-ils le secret de nous tromper, en dépit de toute notre attention à les démasquer.

L’attachement du marquis pour moi n’était pas de ces passions violentes qui tyrannisent l’âme ; la volupté l’intéressait plus que les sentiments de mon cœur ; il aimait le plaisir, il trouvait toujours mes