Page:A. Bret, La belle alsacienne , ou Telle mère telle fille, 1923.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
LA BELLE ALSACIENNE


dispositions conformes à ses goûts, cela lui suffisait. J’étais trop raisonnable pour en demander davantage.

Il y a des gens qui prétendent que ces sortes d’inclinations ne sont tout au plus que l’image du véritable amour ; cette image, en tout cas, est si ressemblante que je ne suis pas surprise qu’on y soit vraiment trompé ; l’illusion est douce, et je doute que l’original puisse flatter plus agréablement.

Je jouissais avec assez de tranquillité de ma situation, mon amant ne me gênait point, et j’avais pour lui toute l’indulgence qu’il pouvait espérer d’une femme sensée. Une conduite trop scrupuleuse n’eût servi qu’à nous ennuyer réciproquement, sans nous rendre plus aimables l’un à l’autre. Le marquis, pour se délasser quelquefois d’une trop longue persévérance, s’échappait quelques instants : ces petits écarts ménagés à propos le ramenaient auprès de moi plus amoureux que jamais ; de mon côté, je m’égayais de temps en temps à renouveler mon goût pour lui ; il est vrai que