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LA BELLE ALSACIENNE


je m’y prenais avec un peu plus de mystère, car peut-être n’eût-il pas été aussi généreux que moi.

Qu’on me permette là-dessus une petite réflexion qui me semble s’offrir assez naturellement : les hommes, si attentifs à se procurer leurs commodités, entendaient bien peu leurs véritables intérêts lorsqu’ils nous ont imposé la nécessité d’être plus exactes qu’eux dans nos engagements. Une femme ne peut être fidèlement attachée à un seul homme qu’aux dépens du bonheur d’une infinité d’autres. Que faire dans une conjoncture si embarrassante ? Faut-il laisser endurer des maux réels pour opérer un bien imaginaire ? La raison du plus grand nombre ne devrait-elle pas prévaloir ? Le monde est pourtant assez injuste pour nous condamner lorsque nous osons nous soustraire à la rigueur d’une loi qui est l’ouvrage de leur caprice.

Voilà, je ne crains pas de le dire, un des plus mauvais raisonnements dont leur sotte vanité ait pu s’aviser. Une injustice si criante me révolte.