Page:A. Bret, La belle alsacienne , ou Telle mère telle fille, 1923.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
LA BELLE ALSACIENNE


Il se présenta avec toute la fatuité d’un conquérant à gages ; l’autre, d’un maintien plus modeste, nous régala d’un déluge de profondes révérences.

J’examinais cependant l’objet des tendres complaisances de ma chère compagne. Si le récit qu’elle m’avait fait avait été capable de surprendre ma religion en me faisant concevoir un jugement avantageux, sa vue aurait suffi pour me faire rabattre des idées avantageuses que j’aurais pu m’en former. Il y a comme cela une infinité de choses qui perdent à être vues de trop près ; son entretien répondait à merveille à sa personne. Il débita en deux minutes plus de deux mille fadeurs, le tout assaisonné d’un ton doucereux et satisfait.

Ma bonne amie, sur le cœur de laquelle un charme trop puissant agissait pour en juger sainement, écoutait ses insipidités comme les plus jolies choses du monde ; elle éclatait de rire à tous moments, et le petit bonhomme, fier de l’effet merveilleux de son jargon, redoublait de fatuité et n’en découvrait que mieux le sot et méprisable