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LA BELLE ALSACIENNE


orgueil dont son ridicule esprit était infecté et qui avait pénétré toutes les parties de son âme, si tant est que la nature ait bien voulu prendre la peine de se déshonorer pour former des âmes en faveur d’animaux d’une si vile espèce.

Mon attention à le considérer, que sa vanité ne manquait pas sans doute d’interpréter favorablement, m’avait empêchée d’abord de répondre aux politesses de son acolyte ; mais il multiplia si fort les révérences et les compliments que je me vis forcée de sortir de ma rêverie pour y répondre.

À l’exacte symétrie de ses courbettes, dans lesquelles l’homme de l’art se faisait sentir, j’entrevis à qui j’avais affaire. Je ne me trompais pas : je le pris pour ce qu’il était, pour un maître de danse. Rien de si aisé à reconnaître que ces sortes de gens ; on les distingue au premier coup d’œil. On se mit à table. M. de l’entrechat s’était placé près de moi et me faisait assidûment sa cour.

À ses manières prévenantes et à un cer-