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LA BELLE ALSACIENNE


tain air mystérieux que je voyais régner sur les visages des convives, je m’aperçus bien que la partie était concertée entre eux et que ma bonne amie voulait absolument m’engager à l’imiter ; mais comme je n’étais point prévenue du même entêtement, je ne me prêtais que médiocrement aux caresses dont on m’assaillait : je ne me sentais pas intérieurement trop tentée de l’honneur attaché à la qualité de protectrice de gens à talents. Je les ai toujours regardés comme utiles à la volupté et propres à entrer dans la composition des plaisirs, mais n’en devant jamais faire le fonds essentiel : ils sont bons à voir, mais il faut s’en servir très sobrement, l’usage gâte tout. J’aurais bien fait, en conservant toujours la même idée, d’agir en conséquence.,

Le dîner fut court ; on y médit extrêmement ; l’Opéra fut passé en revue, les anecdotes les plus scandaleuses furent détaillées ; on ne fit grâce à personne. On se leva de table ; ma bonne amie, pressée par sa tendresse, passa dans un petit cabinet voisin pour y jouir avec plus de liberté de