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LA BELLE ALSACIENNE


franchise obligeante avec laquelle je le reçus. Son guide lui vanta mes beautés et le félicita sur le bonheur qu’il aurait d’obtenir de mon aveu la permission de me faire sa cour.

Il ne répondit à tout cela que par monosyllabes et sa confusion redoublait à chaque instant. Ses yeux cependant, plus hardis que sa langue, commencèrent à s’entretenir avec mes charmes, dont je m’apercevais que la vue faisait une vive impression sur lui. J’étais occupée à arranger mes cheveux, n’ayant sur moi qu’un léger peignoir assez en désordre pour laisser entrevoir des objets mal défendus par une robe négligée. Je surprenais par intervalle des regards dont la furtive avidité m’apprenait que le détail lui paraissait intéressant. Cet effet de mes charmes sur un cœur tout neuf m’amusait trop agréablement pour ne pas faire durer le plaisir en allongeant ma toilette.

Je le retins à dîner avec son fidèle Mentor, qui avait trop de discrétion pour ne pas se retirer lorsque nous fûmes hors de table.