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LA BELLE ALSACIENNE


s’entretenir longtemps debout et que ma mère craignit de souiller ses habits de noces, il fut résolu que le procureur s’assiérait sur un des côtés du coffre, en prenant la précaution de relever sa robe et de n’exposer que les revers aux traces que la farine pourrait y laisser.

Après avoir combiné si sagement leurs mesures, ils commencèrent un entretien très vif ; leurs cœurs, d’intelligence, s’empressèrent à se donner des marques réciproques de leur flamme ; leurs sens étaient enivrés par les plus tendres caresses, ils goûtaient à longs traits cette ivresse délicieuse qui fait le charme de l’amour ; mille baisers redoublés, des soupirs entrecoupés avant-coureurs des plus grands plaisirs égaraient leurs âmes et les plongeaient dans cet aimable désordre qui rend d’une façon expressive les transports de la volupté. Le trop lascif praticien, dont la charnière n’était appuyée que sur le bord de la huche, trop étroit pour former une base solide, à force d’agitation ; perdait par degrés l’équilibre sans s’en apercevoir. La