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LA BELLE ALSACIENNE


obligée de garder avec lui l’avaient préparé par degrés. L’instant de son triomphe était arrivé ; je ne voulus pas le reculer davantage ; mes désirs, d’intelligence avec les siens, ne me permettaient pas de différer.

Que le lecteur se rappelle cet instant heureux où son âme, étonnée de la rapidité de ses désirs, se livra pour la première fois aux charmantes impressions de la volupté ; qu’il se retrace ces mouvements confus de joie et de plaisir, cette délicieuse ivresse, ces transports, ce désordre des sens qui pénètre le cœur et l’enchante à l’apparition subite d’un plaisir imprévu. Tel était mon amant ; ma sensibilité égalait la sienne. La retraite et l’austérité à laquelle je m’étais astreinte depuis quelque temps m’avaient donné des sens presque neufs. Pénétrés de notre tendresse, nos soupirs confondus furent les premiers interprètes de la flamme qui nous consumait ; bientôt nos cœurs, sources intarissables d’amour et de plaisirs, éprouvèrent ce désordre, ces confusions délicieuses, que le sentiment seul