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LA BELLE ALSACIENNE


un songe ; mais les reproches sanglants dont L. B… m’accabla me tirèrent d’erreur.

Comme je vis que l’accident était irréparable, je voulus du moins succomber avec dignité. Je pris mon parti sur-le-champ ; et feignant de n’être venue dans cet endroit que pour le prendre en contravention, je lui dis tout ce qu’une véritable jalousie aurait pu me dicter ; après lui avoir interdit pour jamais ma présence, je sortis en lui lançant un regard fier et dédaigneux.

— Vous vous êtes tirée à merveille, me dit la C…, de l’embarras où mon zèle imprudent vous avait conduite. J’ai fait le mal, je tâcherai de le réparer ; allez, consolez-vous, c’est une perte légère. Aux dispositions que je vous vois, vous êtes en état de mépriser de tels accidents.

Quoique aguerrie aux mystères de l’amour, je ne laissais pas quelquefois de trouver ses plaisirs gênants et insipides. Le dégoût de mon état me prit ; je ne savais pas comment en sortir, lorsque le hasard y pourvut.