Page:A. Challamel.- Les Clubs contre-révolutionnaires.djvu/148

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pas de paix et l’Assemblée nationale ne pourra pas l’aire sa besogne tant qu’on ne les aura pas chassés... Ils ne sont point inviolables I » Le 13 avril, les députés de la droite firent tous leurs efforts pour obtenir que le catholicisme fût déclaré religion d’État. La liberté de conscience et l’égalité des religions, déjà proclamées par la Déclaration des droits, furent de nouveau consacrées par l’Assemblée nationale, après un débat solennel, quoique souvent orageux. Au sortir de la séance, les membres de la droite furent hués, siffles, menacés. Le soir, ils se rassemblèrent encore au couvent des Capucins, mais ils renoncèrent à leur projet de protestation, et décidèrent qu’ils feraient seulement une déclaration de principes. Leur déclaration ne changea rien à l’opinion des députés, et la motion de dom Gerle échoua.

Le 14 avril, l’Assemblée nationale décida que, « conformément au décret d’hier », on commencerait sans délai l’ordre du jour. La partie droite s’opposa à son exécution. Le tumulte régna presque aussitôt parmi les députés. Le président mit cette question aux voix. A la première partie, la grande majorité se leva ; à la contre-partie, les membres de la droite ne se levèrent pas et dirent « qu’ils ne délibéreraient pas. »

Voici comment les Annales patriotiques rendirent compte de l’assemblée tenue aux Capucins :

« En effet, citoyens, écoutez ce qu’ils ont tramé hier, et frémissez. « Le clergé, et plusieurs ci-devant nobles, se sont assemblés aux Capucins de la rue Saint-Honoré. Montlausier y a lu le projet d’attaque qui doit avoir lieu aujourd’hui. Tous les noirs se rendront à la salle, habillés, à neuf heures. Quatre membres seulement, Maury, Cazalès, Montlausier, Mirabeau le cadet, prendront la parole ; ils tâcheront d’obtenir le décret que la religion catholique est la religion nationale, en écartant tous les amendements qu’on pourroit faire, en refusant la question préalable. S’ils ne réussissent pas, ils déposeront la protestation qu’ils ont tous signée et qu’ils ont juré de soutenir, au péril même de leur vie, et se rendront chez le roi pour avoir sa sanction : de là ils se répandront dans les rues, dans les places, pour instruire le peuple du danger prétendu qui menace la religion, « Si le roi refuse de se prêter à nos désirs, a dit l’abbé Maury, nous ferons connoitre dans les provinces par quel prince faible nous sommes gouvernés (1). »

(1) Annales patriotiques de Carra, numf’ro du 16 avril 1790.